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26 juillet 2011 2 26 /07 /juillet /2011 06:00

On nous cache tout !

20080701_AlainC_38.jpgBuzz Aldrin, le deuxième astronaute à marcher sur la Lune, y avait perdu son sang-froid. Il y a quelques années, à un homme qui l’interpellait dans la rue sur son supposé mensonge historique — “Vous n’avez jamais été sur la Lune !” —, Buzz avait répondu par l’argument massue… du coup de poing au menton. Depuis, rien n’a changé et la rumeur court bon train que les États-Unis, aidés par le cinéaste de génie qu’était Stanley Kubrick, auraient fabriqué le film du plus grand bluff de l’histoire dans un hangar. Il suffirait de regarder “à la loupe” la position des ombres (donc des projecteurs) et l’ondoiement du drapeau étoilé pour se rendre compte de la supercherie. Tout argument sensé et rationnel, comme les échantillons lunaires stockés à Houston, les photos satellites récentes des traces de roues et de matériels abandonnés dans la poussière, ou encore l’utilisation des réflecteurs lasers pour mesurer au centimètre près la distance de la Lune, n’y change rien. La croyance populaire l’atteste : il n’y a pas de fumée sans feu !

Cet été encore, le 27 août, la nouvelle circulera dans le couloir à rumeurs des réseaux sociaux : cette nuit-là, la planète Mars paraîtra aussi grosse que la Lune dans le ciel. Une répétition estivale des annonces fantasmatiques et ubuesques qui nous attendent pour 2012. En vrac : un alignement planétaire exceptionnel ; une inversion brutale du champ magnétique de la Terre ; de colossales éruptions solaires perçant le bouclier magnétique de notre globe ; l’irruption de comètes tueuses ou encore de Nibiru, planète cachée dont la trajectoire déstabilise la nôtre et, telle une boule de billard bien frappée, nous expédie vers le centre de la Voie lactée où trône un affreux… trou noir ! Un signe évident de malédiction céleste, une Terre qui perd la boule, un Soleil détraqué, une planète fantôme et une expulsion définitive de notre berceau stellaire, voilà qui fait beaucoup.

Trop, sans doute. Aussi, Ciel & Espace a entrepris de décoder la mécanique de ces grandes illusions — fantasmes, croyances et rumeurs —, car toutes, explique le sociologue Gérald Bronner, ne sont pas inoffensives. Le problème — et la démonstration est patente avec l’astrologie —, c’est que l’argumentation rationnelle n’a que peu, ou pas, d’importance au regard de l’opinion publique. Pis, elle renforce l’idée qu’existe un vrai débat, contradictoire, entre deux thèses. Entre deux visions du monde qui se valent et pour lesquelles — démocratie oblige — on a le loisir de choisir. Aujourd’hui, en règle générale, les astronomes évitent de tomber dans ce piège en orientant les demandes des organisateurs de débats vers les spécialistes des sciences humaines.

Lesquels rappellent que la science elle-même, en augmentant le domaine du concevable, est productrice de mythes. Et que ces croyances, individuelles ou collectives, ont la peau dure.

Ce qui importe n’est pas tellement ce qui est ‘vrai’, mais ce qui aide à vivre”, écrivait Nietzsche. Sur une planète qui s’est rétrécie, les desseins du ciel se sont agrandis à la limite de la caricature. Pour tester notre humour ?

Alain Cirou

Directeur de la rédaction

495_grandre_couv.jpgLa grande illusion, numéro d'août 2011

En kiosque et téléchargeable en kiosque numérique : on peut commander la version papier ou télécharger la version numérique en PDF.

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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 09:00

20080701_AlainC_38.jpgOn l’a souvent dit : la découverte du monde des étoiles est une belle école de patience. Il faut disposer de temps libre ; espérer que le ciel soit clément et la Lune en quartier ; se trouver sur un site éloigné des lumières parasites ; disposer des outils indispensables à l’observation des astres et, enfin, réussir à manipuler ces cartes et instruments dans la nuit noire… Cela fait beaucoup ! Il faut de l’intérêt, de la passion, de bons guides et sans doute un peu d’obstination pour réussir à pousser ces portes de la nuit dans le silence et la discrétion. Et c’est pendant l’été, évidemment, que la majorité de ces conditions se trouvent réunies.

Cette année, alors que se met en place le dispositif traditionnel des “Nuits des étoiles” — lesquelles sont programmées du 5 au 7 août sur des centaines de sites ouverts au public  —, Ciel & Espace et l’Association française d’astronomie ont souhaité que le contenu et l’esprit de cette manifestation se libèrent de l’espace et du temps. Et c’est ainsi que l’application téléphonique “Ma nuit des étoiles” a vu le jour et vous est présentée pour la première fois dans ce numéro.

Gratuite, conçue pour une utilisation simple et ludique en famille ou entre amis, son ambition est d’inciter à lever les yeux au ciel. À vivre, sans réticence et sans complexe, une veillée aux étoiles inoubliable.

La visite du musée du Louvre n’est pas réservée aux seuls spécialistes de la Renaissance ou de l’Égypte ancienne. Là, de multiples outils nous aident à décrypter le sourire de la Joconde et le Livre des morts.

De la même façon, un audioguide du ciel d’été accompagnera les premiers pas de ceux qui s’aventureront, le téléphone dans la poche, à suivre les explications des montreurs d’étoiles. Ou encore, et c’est aussi une première, grâce à la géolocalisation, il vous sera facile d’identifier et de joindre le club d’astronomie le plus proche pour participer à ses soirées publiques. Bref, vous l’avez compris, partager le ciel et son exploration sera cet été au cœur de nos préoccupations.

Mais peut-être n’avez-vous pas de portable de type iPhone ? Et encore moins l’envie d’être équipé d’outil numérique dans le grand face à face avec l’infini… Pas de problème, 97 % de ce numéro est consacré aux autres nouvelles de l’Univers. Et en particulier aux grands dossiers qui occupent, sur les bureaux des astronomes, le haut de la pile des énigmes à résoudre. Et elles sont nombreuses, passionnantes : qu’y avait-il avant le big bang et comment se sont formées les galaxies ? Existe-t-il d’autres Terre ? Comment est apparue la vie et faut-il la chercher sur Mars ? Où est passé l’essentiel de l’Univers, dont la matière noire comme l’énergie sombre restent de parfaites inconnues ? Tant de questions, de mystères, dont les pages qui suivent sont capables d’alimenter bien des dîners… aux étoiles.

Ces repas où, à coup sûr, quelqu’un demandera si l’étoile brillante, observable au zénith, est vivante ou morte. Et là, jamais la réponse que pourrait fournir une machine ne remplacera le débat qui suivra. Celui du sens de tout cela…

 

Alain Cirou

Directeur de la rédaction

 

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LES 7 PLUS GRANDES ENIGMES DE L'UNIVERS

Numéro de juillet 2011

En kiosque et téléchargeable en kiosque numérique : on peut commander la version papier ou télécharger la version numérique en PDF.

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25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 23:55

20080701_AlainC_38.jpgPas de doute, le Soleil est un astre à part. Qui plus est, cyclothymique…

Les astronomes amateurs, aujourd’hui bien équipés pour suivre son activité, n’ont pas manqué d’observer ses éruptions spectaculaires au début du mois de mai, lesquelles ont suivi celles enregistrées à la mi-février par les observatoires solaires et les satellites spécialisés. Les images, diffusées sur notre site internet, montrent des flammes longues et véloces, s’agitant comme un nid de serpents, qui éjectent dans l’espace, par bouffées, un plasma de particules. Des bourrasques violentes et colossales qui signent, à coup sûr, le réveil d’un Soleil que l’on croyait “en panne”.

Pour son 24e cycle suivi depuis 1745, notre étoile semble avoir deux ans de retard. Deux ans de calme inquiétant qui soulignent l’anomalie de la situation actuelle : des éruptions rares, mais extrêmement violentes rompant une sieste prolongée…

Et comme nous avons voulu en savoir davantage, pour réaliser notre dossier de juin, nous avons interrogé les spécialistes sur les causes de cette situation. Ce qu’il en ressort est fort instructif : C’est du même ordre de difficulté que prévoir la météo, résume brutalement Sacha Brun, astrophysicien au CEA. Laquelle météo, en France métropolitaine, enregistrait presque au même moment le deuxième mois d’avril le plus chaud depuis 1900 (avec une température moyenne supérieure à 4 °C à la moyenne de référence) et une durée d’ensoleillement remarquable, une fois et demi supérieure à la normale.

La tentation est grande de lier les deux situations… Ce qui serait, évidemment, une erreur, même si l’intensité de l’activité solaire contribue pour une très faible partie (de l’ordre de 0,1 °C) à faire varier la température globale de la planète.

Car l’étude du climat comme celle des mouvements convectifs et magnétiques de notre Soleil ont un point commun bien différent de ce qu’inspire le “bon sens” populaire : le nombre de paramètres à prendre en compte pour expliquer ce que nous observons ; la complexité des rétroactions à retenir pour réaliser un modèle prédictif. Quel Soleil fera-t-il demain ? Voilà la question à résoudre.

Aujourd’hui, et pour la première fois, à l’aide des nouveaux super-ordinateurs les plus puissants de France et d’Europe, un modèle en trois dimensions, incluant le champ magnétique et la turbulence, simule 90 % du volume du Soleil. Du cœur nucléaire jusqu’à la surface. Et même s’il est considéré comme un astre à part, force est de reconnaître qu’il n’est plus seul. De nombreuses étoiles présentent des cycles analogues et les progrès spectaculaires de l’astérosismologie spatiale, qui observe les vibrations d’autres étoiles, dévoilent maintenant ce qui se passe sous la surface des enveloppes gazeuses, tout au long de leur évolution !

La “seule étoile qu’on ne voit pas la nuit” n’a pas encore livré tous ses secrets. Mais elle cache de moins en moins bien les ressorts de sa puissance. Pour la civilisation solaire qui vit à proximité, prévoir ses hoquets et ses sautes d’humeur compte.

Autant pour savoir s’en protéger qu’en apprécier la magnificence.

Alain Cirou

Directeur de la rédaction

 

Gde_couv_493.jpg

LES FLAMMES DU SOLEIL

Un sursaut brutal, des tempêtes, notre étoiles vient de se réveiller, quelles conséquences pour la Terre ?

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 18:00

20080701_AlainC_38.jpgC'est une petite maison en bois, partiellement entourée d’un jardinet clos, devant laquelle posent, par un beau jour d’été, une femme et deux petits enfants qu’elle tient par la main. La maison est accolée à une autre habitation de même style, un peu plus grande, elle aussi typiquement nord-américaine. Et l’on devine qu’il s’agit d’une petite boutique, artisanale, devant laquelle discutent des clients. L’image, sereine, est en noir et blanc et paraît datée. “Mais ça importera peu dans quelques millions d’années”, expliquait alors Carl Sagan, astrophysicien américain et l’un de ceux qui ont choisi, au milieu des années 70, les images et les sons enregistrés sur l’un des premiers CD destinés à voyager dans l’Univers. 118 photos — dont cette image émouvante d’une habitation humaine — et près de 90 minutes de musiques et de messages du monde entier placés, comme une bouteille à la mer, sur les flancs de deux sondes spatiales jumelles, les fameuses Voyager 1 et 2.

Il faut bien l’avouer, on avait un peu oublié ces deux ancêtres de l’exploration spatiale ! Mais trente-trois ans après avoir quitté la Terre, la nouvelle est confirmée : la sonde Voyager 1 entre dans le monde des étoiles ! La nef qui a traversé le Système solaire en plus de trois décennies est sortie du “port” et affronte aujourd’hui la houle et la haute mer. Et pour paraphraser le générique de la fameuse série de science-fiction américaine, Star Trek, elle entre maintenant dans un espace “where no one has gone before” (littéralement : “où personne n’a jamais mis les pieds”) !

La frontière entre la “sphère d’influence” du Soleil (notre port) et le vide intersidéral est une zone floue. C’est là où le flot de particules éjectées par les éruptions de notre étoile se mélange aux multiples vents qui circulent dans le milieu interstellaire. À l’image d’un fleuve qui se jette dans la mer, à l’embouchure, l’eau est douce, puis elle se mélange à l’eau de mer et s’éloigne à une distance au-delà de laquelle on ne trouve plus que de l’eau salée… L’équivalent dans le ciel, de l’espace entre les étoiles.

Arriver là, en vie, n’est pas un mince exploit. Quand la sonde spatiale et sa jumelle ont pris la route du ciel, Jimmy Carter occupait la Maison Blanche et Valéry Giscard d’Estaing résidait à l’Élysée. Les révolutions de l’informatique et des télécommunications s’esquissaient à peine et la confrontation Est-Ouest dominait encore les relations entre États. Quant à notre perception du temps, le chiffre rond de l’an 2000 symbolisait à lui seul “le futur”… Ces engins ont donc résisté au vide, au froid, aux bombardements cosmiques et, grâce à leur source d’énergie nucléaire, ils disposent encore de moyens pour communiquer, à 17,4 milliards de km d’ici, des informations sur la nature du milieu dans lequel ils s’enfoncent.

Par fascination pour leur résistance et leur destin, mais aussi pour les leçons à en tirer sur le “temps de la recherche” — tellement éloigné de celui des médias et de la société — le dernier épisode de la saga des Voyager mérite toute notre attention. Alors que débute le mythique voyage galactique, à cette distance, les messages dans la bouteille sont déjà ceux d’un autre monde… Dont les souvenirs voguent vers l’inconnu.

Alain Cirou

Directeur de la rédaction

cieletespace_une_492.jpgJupiter, la planète extra-terrestre 

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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 20:05

Voici tout juste cinquante ans, le jeune Youri Gagarine quitte la Terre à bord de sa capsule Vostok et, en 108 minutes, réalisele premier tour de la planète depuis l’espace. Ses chances de revenir vivant sont alors de une sur deux… Premier “cosmonaute de l’humanité”, il symbolise tout à la fois la nouvelle puissance technologique d’un système militaro-industriel — celui de l’Union soviétique — et, plus fascinant encore, une nouvelle étape dans l’odyssée de l’homo sapiens sapiens venu d’Afrique, celle de sa sortie du “berceau” planétaire. Ses “pères cosmiques”, le savant Tsiolkovski et le constructeur général Korolev, rêvent de la Lune et de Mars. Tous ont lu Le songe de Kepler et les Voyages extraordinaires de Jules Verne, symboles d’un imaginaire visionnaire.

Gagarine n’est pas seul. Autour de lui se construit la Cité des étoiles, où s’entrainent les premiers cosmonautes. À Samara, la nouvelle industrie spatiale fabrique des fusées à la chaîne – “Comme des chapelets de saucisses”, aurait alors expliqué Khrouchtchev à l’un de ses visiteurs — et augmente leurs capacités d’emport. Aux États-Unis, en raison du “flopnik” et de l’engagement politique de John Fitzgerald Kennedy, la destination Lune est affichée comme la feuille de route prioritaire du nouveau programme spatial. Sous la houlette inspirée d’un ancien nazi, l’ingénieur Wernher von Braun, père des fameuses fusées V2, l’Amérique prend la tête de la course et ne la lâchera plus jamais. Huit ans et trois mois seulement séparent le premier vol de Youri Gagarine du débarquement sur la Lune de Neil Armstrong !

Un demi-siècle plus tard, l’“homo espaçus” tourne en rond autour de la Terre. Il a remis à une date ultérieure l’exploration habitée du Système solaire — la compétition Est-Ouest n’est plus — et s’apprête à vivre de longues années à bord de la Station spatiale internationale, cet observatoire privilégié des mutations climatiques de la planète bleue.

L’ère des Gagarine et Armstrong appartient à une époque épique, révolue, comme celle des pionniers de l’aviation. S’il y a encore des micros et des caméras pour suivre l’expérience Mars 500 — un voyage virtuel aller-retour vers la planète rouge —, il n’y a plus de directs télé pour vibrer au décollage ou à l’atterrissage des équipages. La dernière mission de la navette spatiale sera l’exception, comme le premier lancement de Soyouz depuis la Guyane, à la fin de cet été.

Paradoxalement, jamais l’Espace n’a été aussi présent dans nos vies — à travers les services de télécommunications, la géolocalisation, la défense, l’observation de la Terre et les observatoires scientifiques — et jamais, encore, il n’a été aussi invisible. Il s’est “filigrané” à la société et a quasi disparu des écrans radars de l’actualité. Privés de voyages lointains, de “nouvelles frontières” à explorer, les héritiers de Gagarine n’ont rien perdu des rêves qui habitaient les premiers d’entre eux.

Mais l’image de la Terre, vue de l’extérieur, petite et fragile, est venue bouleverser la mythologie du départ dans les étoiles. Comme Youri, ils ont été rattrapés par la gravité…

Alain Cirou

Directeur de la rédaction

 

cieletespace_numero_491_avril_2011c.jpgL'univers, grand alchimiste, Ciel & Espace, numéro d'avril

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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 08:00

Les planètes ont la peau dure !

La preuve : autour d’un tiers des étoiles éteintes — les fameuses naines blanches —, les astronomes trouvent les traces d’astres rocheux qui ont survécu aux spasmes de l’agonie stellaire.

Ce n’est pas un mince exploit. Il suffit de regarder l’image d’une nébuleuse planétaire pour comprendre qu’une étoile en fin de vie crache un feu intense sur tout son environnement planétaire. Un vent violent et brûlant qui la dépouille de sa “chair”, de son enveloppe gazeuse et, à l’image d’une gueule de dragon, soumet tout ce qui l’entoure aux flammes de l’enfer. Longtemps, intensément et sans répit. Et quand tout s’éteint, et qu’une stèle funéraire apparaît au centre de l’apocalypse, là où vivait une étoile il y a peu de temps encore, on imagine qu’il ne reste rien d’autre que des cendres…

Erreur, il y aurait des planètes survivantes à la fin du monde ! Non pas celles qui tournent, comme la Terre, trop près de leur astre du jour. Celles-là ont été avalées quand la géante a gonflé démesurément, ou ont plongé dessus. Mais d’autres qui ont migré, ou se trouvaient éloignées de la fournaise, qui ont vu leurs gaz soufflés, leur cœur mis à nu, et ont survécu.

Les écrivains de science-fiction, comme Arthur C. Clarke, s’étaient déjà emparés de cette idée en décrivant les vestiges de mondes morts, ravagés par le déluge de feu de leur étoile moribonde, mais rien jusqu’ici n’avait conforté ces intuitions littéraires. En en révélant les indices matériels, comme le montre notre dossier consacré aux naines blanches et à leur environnement, les scientifiques ouvrent la porte à l’existence de milliards de systèmes solaires fossiles dans la Galaxie

La nouvelle science des planètes extrasolaires n’a pas fini de nous surprendre. Et chaque semaine apporte son lot de nouveautés. Ainsi, l’équipe du satellite américain Kepler — une mission dédiée à la recherche d’exoplanètes par transit devant les étoiles des constellations du Cygne et de la Lyre — vient tout juste d’en donner la preuve. En découvrant un nouveau système solaire, à 2 000 années-lumière de distance, doté de six planètes.

On trouve là des poids plume, de 2 à 5 rayons terrestres, dont la moitié est probablement entourée d’une épaisse atmosphère, aux orbites si rapprochées les unes des autres qu’elles se glisseraient facilement, pour cinq d’entre elles, entre Mercure et Vénus.

Mais le meilleur, c’est la promesse d’un filet à papillons bien garni. L’équipe de Kepler affirme aussi avoir identifié 1 235 “candidates” planètes dont cinq, placées dans la zone habitable de leur étoile, font moins de la moitié de la taille de la Terre. Les chiffres sont impressionnants et confirment deux principes déjà affirmés dans ces colonnes : les planètes sont un sous-produit de la formation des étoiles — on en trouvera donc des milliards de milliards dans l’Univers — et, sauf heureux accident, la détection d’une petite sœur de la planète bleue, orbitant autour d’une étoile comme le Soleil, est réservée à la prochaine génération d’instruments. Ce jour-là, l’armée des planètes mortes y gagnera une histoire.

 

Alain Cirou

Directeur de la rédaction

 

490 couvCiel & Espace, numéro de mars

 

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21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 08:42

20080701_AlainC_38.jpgC'est un pavé qui fait des ronds dans la mare de la première “image” de l’Univers ! Il a été lancé par deux chercheurs, sous la forme d’un article non soumis à leurs pairs, où ils expliquent avoir découvert, dans la carte thermique des premiers temps du cosmos, de bien curieux cercles révélateurs d’événements ayant eu lieu “avant” le big bang… Cette carte, réalisée par le satellite américain WMAP, est une représentation de l’ensemble de la sphère céleste. Elle est comme l’échographie du “bébé Univers”. On y voit des couleurs, des irrégularités, la trame thermique de l’espace-temps telle qu’elle se dessinait 380 000 ans après LE mur sur lequel butent les scientifiques. Celui dit “de l’origine”.

Cette image est fort ésotérique pour le commun des mortels, mais l’on comprend qu’en montrant des grumeaux, lesquels correspondent à d’infimes variations de température, ces premières fluctuations du fond diffus cosmologique portent en germe l’architecture du monde actuel : de grandes structures filamenteuses d’amas de galaxies qui dessinent, sous l’influence des forces gravitationnelles, l’ossature d’une éponge. Nos deux astrophysiciens affirment que ces cercles sont les cicatrices de la fusion de trous noirs hypermassifs qui ont fait vibrer l’espace-temps comme la peau d’un tambour “avant” que celui-ci ne se contracte, puis explose lors du fameux big bang. Ils seraient les échos, dans la lumière fossile, d’événements antérieurs à la supposée “naissance” du monde. Disposerait-on, pour la toute première fois, de preuves observationnelles confirmant l’existence d’un Univers pré-big bang ? Doit-on abandonner l’idée d’un point initial, à partir duquel tout se serait développé, au profit d’une vision cyclique dans laquelle les univers se succèdent les uns aux autres après chaque big bang ?

Tel est le thème du passionnant dossier que vous lirez dans ce numéro. Il est fascinant et nous apprend à nous méfier des mots et de la façon dont nous les interprétons. Ainsi, le physicien Étienne Klein nous met en garde contre l’expression “big bang”. En rappelant qu’elle a été inventée pour se moquer de ce qui fait surgir du néant tout ce qui nous entoure, mais surtout “parce que l’instant zéro qui apparaît dans les équations est un instant fictif par lequel l’Univers n’est pas passé. Il n’y a pas eu de bang !”

Si les cosmologistes n’ont jamais cessé de préciser que le big bang n’était qu’un modèle, le meilleur dont ils disposent actuellement, ils ont aussi, petit à petit, laissé s’installer l’idée que son point de départ relevait plus sûrement du mystère que de la science. Qu’une barrière marquait la “singularité initiale” de ce modèle comme un horizon à jamais infranchissable. Un boulevard sur lequel le pape Benoît XVI s’est récemment engagé en affirmant que “l’Univers n’est pas le résultat de la chance, comme certains voudraient nous le faire croire”, mais que l’esprit de Dieu est bien derrière les théories scientifiques complexes comme… le big bang.

Il est plus que jamais utile de questionner les faits, la solidité des modèles, et rappeler les présupposés culturels qui orientent notre vision du monde. Bref, de revenir… aux origines.

 

Alain Cirou

Directeur de la rédaction

Ecouter le podcast d'entretien avec Etienne Klein Ombres et lumières sur l’origine de l’Univers

 

489_couv.jpgCiel & Espace février 2011 - L'univers avant le big bang

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22 décembre 2010 3 22 /12 /décembre /2010 23:00

20080701_AlainC_38.jpgL'astronome Frank Drake n’a rien d’un illuminé. Radioastronome, il est le père de Seti, le très populaire programme d’écoute et de recherche d’éventuels signaux d’origine extraterrestre. Interviewé par Ciel & Espace, à l’occasion d’un bilan réalisé autour du cinquantenaire de cette longue quête, il affirme que des signaux “éphémères” ont été captés et, dit-il, “je soupçonne qu’une petite fraction d’entre eux était d’origine extraterrestre”.

Que les choses soient claires : Frank Drake n’affirme pas avoir entendu les conversations d’une autre civilisation que la nôtre, mais “soupçonne” que certains des signaux captés par les radiotélescopes de Seti — des signaux qui ne se sont pas répétés et qui ont été enregistrés, alors que l’antenne du radiotélescope visait plusieurs étoiles dans le “faisceau” — ont une origine extraterrestre.

Ces émissions auraient été entendues par hasard dans le ciel, mais non localisées, et ce, au milieu d’un bruit de fond généré par le tintamarre électromagnétique de la Terre. Frank Drake prend-il ses désirs pour des réalités ? Sans aucun doute, répondront les détracteurs du programme Seti. Ceux-là ne croient pas que cette recherche soit pertinente et pensent qu’elle revient à chercher une aiguille dans une montagne de foin, sans savoir si celle-ci existe réellement. Pour d’autres, au contraire, la position de Drake est lucide et courageuse. Pour les promoteurs de Seti, l’enthousiasme initial a fait place au réalisme et à une organisation remarquable.

Depuis 1999, le réseau Seti@home, avec ses huit millions d’abonnés, est de fait le plus gros ordinateur virtuel du monde. Hors la prouesse d’organisation de ce réseau de calcul partagé, ces scientifiques ont su rebondir en rassemblant des fonds privés. De nouveaux instruments sont en cours de construction et la stratégie de recherche s’élargit à de nouvelles longueurs d’onde et aux transmissions lasers. Depuis quinze ans et la découverte d’un bon demi-millier d’exoplanètes, l’idée s’est imposée chez les astronomes que ces astres sont un sous-produit de la formation des étoiles. Et que, par milliards, nombre de ces planètes aient pu connaître des conditions favorables à l’émergence de la vie telle qu’elle est apparue sur Terre. Les premiers termes de la fameuse équation de Drake trouvent maintenant des valeurs…

Il est logique qu’en invoquant le “soupçon” légitime, son inventeur ait hâte de conclure ! A-t-il pour autant raison ? En s’éloignant du protocole initial qui veut qu’un signal ne soit considéré que s’il est répété, Frank Drake prend le risque de franchir une ligne jaune. Celle qui sépare la preuve scientifique de la conviction intime. Mais il remobilise ainsi ses troupes sans choquer les plus sceptiques. “Le scénario le plus probable est qu’un jour, nous captions un signal par hasard, une fuite”, nous confie même l’un d’entre eux.

Critiqué et populaire à souhait, le programme Seti n’a pas fini de faire débat. En livrant ici ses soupçons, Frank Drake a bien l’intention de l’agiter.

Alain Cirou

Directeur de la rédaction


488_couv.jpg Ciel & Espace Janvier 2011 - Des signaux extra terrestres auraient été captés. Un calendrier astronomique est offert avec les versions papier et numérique.

En kiosque et téléchargeable en kiosque numérique : on peut commander la version papier ou télécharger la version numérique en PDF.

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Ecoutez aussi le podcast La vie a-t-elle pu apparaitre ailleurs que sur Terre ?

 

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23 novembre 2010 2 23 /11 /novembre /2010 10:23

Autres terres, côtés pile et face

20080701_AlainC_38.jpgEt si nous vivions les derniers jours d’une question restée jusqu’ici sans réponse : y a-t-il d’autres terres dans l’Univers ? D’autres endroits où il fait bon vivre, sur une planète entourée d’une atmosphère. Un corps rocheux circulant autour d’une étoile calme, calé sur une orbite stable, ni trop près ni trop loin des feux nucléaires pour permettre à l’eau d’exister sous ses trois formes : solide, liquide et gazeuse… Bref, une sœur jumelle de notre monde tournant autour d’une autre étoile que le Soleil.

Côté pile, il n’y a plus de doute. La découverte est imminente et… inéluctable. Tout récemment, les astronomes Andrew Howard et Geoffrey Marcy, de l’université de Berkeley (Californie), ont annoncé que, dans la Voie lactée, près de 25 % des étoiles de type solaire sont entourées de planètes de la taille de la Terre. Une sur quatre ! En tout, des milliards pour notre seule galaxie ! Leur démonstration, basée sur des observations réalisées pendant cinq ans avec le télescope Keck, à Hawaï, est simple. Les planètes extrasolaires, découvertes pour la première fois il y a quinze ans, étaient aussi les plus grosses. Les plus “faciles” à détecter. Aujourd’hui, avec des instruments dédiés et de nouveaux détecteurs, les quelque 500 prises recensées montrent que plus la masse de ces planètes se réduit, plus celles-ci sont nombreuses. Loin des monstrueux globes gazeux, isolés et souvent brûlés aux feux de leur étoile mère, ce sont maintenant de véritables systèmes associant des planètes variées, toutes parentes et toutes différentes.

Côté face, et c’est l’objet de notre dossier de décembre, on calme notre enthousiasme en montrant la complexité de la tâche. Discerner une exoplanète de la taille de la Terre, dans le domaine visible, “revient à essayer de distinguer depuis Paris, un papillon de nuit voletant autour d’un phare situé à… Athènes”, compare l’astronome Yaël Nazé. Et ce n’est pas tout. Il suffit que l’étoile soit active, qu’elle connaisse comme le Soleil des taches et des facules, pour que les instruments les plus précis soient mystifiés, trompés par un parasite qui se superpose alors au signal que l’on veut mesurer. En prenant des vessies pour des lanternes, une bouffée de colère stellaire peut être prise pour la signature d’une planète habitable.

Le danger est d’autant plus grand qu’une intense pression due à la compétition internationale s’exerce sur les équipes les plus en pointe. Au sein même des groupes de recherche, on se méfie des travers de la “communication” qui, par nature, exclut les bémols et refuse du temps supplémentaire pour confirmer les annonces de découverte. “Publier ou périr”, la célèbre maxime attachée à l’annonce de résultats scientifiques est, dans ce domaine, plus que jamais d’actualité.

En comparant ces deux faces, indissociables l’une de l’autre, le dossier de la recherche d’autres terres s’éclaire. S’il n’y a plus grand monde pour contester qu’ existent dans l’Univers, et sans doute près de nous, des sœurs jumelles de la Terre, pendant quelques années encore, celles-ci resteront difficiles à attraper. Raison de plus pour garder la tête froide et ne rien rater de ce moment d’histoire.

Alain Cirou

Directeur de la rédaction

 

cieletespace décembre 2010Numéro de décembre 2010, en kiosque et téléchargeable en kiosque numérique : on peut commander la version papier ou télécharger la version numérique en PDF.

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 18:00

20080701_AlainC_38.jpgL'univers en relief

 

Que serait un abîme sans accent circonflexe ? Pour pénétrer dans les plus beaux d’entre eux, placez un lorgnon bicolore sur votre nez et laissez-vous guider…

Vous avez entre les mains un numéro de Ciel & Espace exceptionnel. Une édition “collector” que toute l’équipe de rédaction a pris un grand soin à préparer. Nous y avons rassemblé les images les plus emblématiques des reliefs planétaires. Des collines lunaires érodées, découvertes par les missions Apollo, aux grands panoramas martiens, à la fois si familiers et, paradoxalement, si étrangers aux amateurs de déserts. Mais aussi les images qui nous permettent, un instant seulement, de prendre la place d’un astronaute tournant autour du globe. Ou encore de plonger dans les gouffres les plus profonds des nébuleuses obscures, de surfer entre les étoiles et les galaxies comme un vaisseau de science-fiction qui se moquerait de la barrière de l’espace et du temps.

Avons-nous sombré dans la mode du gadget, de la technologie en vogue qui a envahi les salles de cinéma et révolutionnera bientôt les écrans plats de nos salons ? Pas du tout. S’il est un domaine dans lequel la profondeur de champ a de l’importance, c’est bien celui de l’astronomie.

Et les preuves sont innombrables… C’est en faisant tourner la Terre autour du Soleil que le chanoine polonais Copernic montre qu’à intervalle de six mois, notre point de vue sur les astres diffère. C’est en observant les ombres sur la Lune, armé d’une lunette de verrier hollandais et des découvertes de la Renaissance sur l’art de la perspective, que Galilée met en évidence la rotondité, les creux et les bosses de notre satellite naturel. C’est en découvrant une relation entre la période et la luminosité de certaines étoiles variables, au début du XXe siècle, que Henrietta Leavitt offre à Edwin Hubble le mètre arpenteur qui va lui permettre de mesurer la distance des galaxies. Le ciel n’est plus une toile tendue sur laquelle se projettent de petites lumières, mais l’avant-scène d’un gouffre, d’espace et de temps, vers lequel nous roulons, tel un grain de sable emporté par le courant.

En gagnant cette troisième dimension, l’astrophysique et la cosmologie observationnelle y ont trouvé de nouveaux modes de représentations. Aujourd’hui, dans les simulateurs numériques, on s’essaie à faire naître des étoiles, à voir pousser les planètes, et à exploser des supernovae. On figure même “tout l’Univers” en relief, en remarquant qu’à grande échelle, les murs de galaxies miment étrangement le squelette d’une éponge.

Quant au public, qui a déjà plongé dans les brumes de Titan et roulé sur les collines de la planète rouge grâce aux caméras embarquées sur les sondes, il en redemande. La première, la Nasa l’a compris en confiant au cinéaste James Cameron le soin d’équiper en imagerie 3D son futur robot martien. Pour un spectacle qui vaudra à la recherche planétaire des soutiens et des crédits.

En attendant, chaussez vos lorgnons, laissez vos yeux s’accoutumer à cette vision insolite, et plongez dans les pages qui suivent. Bon voyage dans la troisième dimension !

Alain Cirou

Directeur de la rédaction de Ciel & Espace

 

L-univers-en-lunettes-3D.jpg

Numéro de novembre 2010, en kiosque et téléchargeable en kiosque numérique : on peut télécharger le magazine numérique sur le kiosque relay.fr ou commander la version papier ou la version numérique en PDF. La version papier est livrée avec une paire de lunettes 3D.

Lorgnon-C&E

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